18 févr. 2011

In Bed With DOWNTOWN RECORDS


Quand on pense Suisse, on pense Ricolas,montagne,chocolat... enfin tout sauf musique digitale. Street Dandy's a posé ses valises dans la Confédération Helvétique le temps d'interviewer Samuel Pasquier, le fondateur de DWNTOWN RCRD et de Placyde, artiste mystérieux signé sur le label.   
Retour sur une entrevue d'un label très prometteur.

Samuel, présente-toi à nos lecteurs.
  
Hello, je m’appelle Samuel Pasquier, je suis actuellement en formation de concepteur en multimédia. Je suis à la base DJ avant d’avoir commencé la production il y a un an et demi environ. À la fin 2010, j’ai monté DWNTWN RCRD, un label visant à promouvoir des jeunes artistes et leur permettre de faire leurs preuves qu’ils viennent de suisse ou d’ailleurs.

Comment l’idée de créer ce label a-t-elle germé en toi ?
 
En fait, l’idée m’est venue il y a environ deux ans de cela, en partant d’un constat simple. J’ai vite remarqué que dans ma région et même à l’échelle nationale, les quelques « labels » qu’il y avait étaient en fait une bande d’amis, un cercle restreint et hermétique et qui sortaient de temps en temps un morceau. Cette situation me frustrait profondément et petit à petit je me suis dit « Pourquoi pas moi ? ». 

Pendant deux ans j’avais ce projet dans un coin de tête, il s’agissait pour moi de créer un pôle, en endroit commun où les artistes peuvent montrer ce qu’ils font, s’enrichir de l’expérience des autres, partager. À moyen terme, l’idée est d’avoir par exemple des artistes qui en remixent d’autres, fassent des featurings, invitent d’autres producteurs. 
Le concept d’album est aussi pour moi primordial. Je voulais pas sortir simplement des morceaux mais créer un objet, une entité à part entière pour qu’une fois dans les mains, tu en sois fier et que tu aies envie de l’écouter et de le partager. L’EP de Placyde est un bon exemple, on a même décidé de modifier les titres des morceaux pour avoir une meilleure cohérence.

Ton label est ouvert à toute sorte de musique, tu penses ainsi te démarquer des  autres labels à la manière de maisons éclectiques telles que Warp ou Stone Throw ?
 
Pendant pas mal de temps, j’ai hésité, venant plutôt du monde électro, à ouvrir un label uniquement orienté dancefloor et musiques de clubs. Mais en fin de compte, j’ai voulu créer un monde qui me ressemble. J’ai alors réfléchi à ce que moi-même j’écoutais et ce que j’avais envie d’entendre. J’écoute beaucoup de musique, et de pleins de styles différents. 

J’aime bien dire que j’écoute du rock dans le bus, du trip-hop dans ma chambre et de la house en club. C’est un assez bon résumé et je me rend compte que ça se ressent dans ce que je produis. Un jour, j’ai envie de faire un track house et le lendemain, je voudrai produire un truc dubstep, uk-funky ou n’importe quel trip du moment. C’est parfois même assez lourd. Ahah !
Pour en revenir aux labels que tu cites, oui clairement. 
Ce sont vraiment deux labels qui m’ont inspirés, y compris au niveau du visuel. En discutant avec Loïc (notre designer), il est clairement apparu qu’on voulait ce côté « arty » présent sur les pochettes de Warp. Les pochettes de Stone Throw sont de tout aussi beaux objets, j’aurais presque peur d’écouter un vinyle de Stone Throw de peur de l’abîmer ahah ! Ce sont des structures qui, comme moi, ont le culte de l’objet, de la matière. 
On est d’ailleurs en train de regarder pour faire presser certains albums sur vinyles tandis qu’on développe en parallèle une gamme de « goodies », comme des jutebags par exemple.

Le monde de la musique en Suisse est assez peu connu du reste du monde, est-ce un défi pour toi ?
 
Je crois malheureusement que ce n’est pas à cause du talent des artistes mais des politiciens. En Suisse, la culture souffre d’un manque cruel de crédibilité. Il y a pleins d’endroits vraiment cools en Suisse qui n’ont rien à envier à de gros clubs reconnus. Certains sont même d’anciens squats qui ont été réhabilité par un collectif. Jusque là c’est bien joli, mais une salle de concert ou un club, ça induit des frais et l’état suisse n’offre que des subventions superficielles qui ne permettent jamais à une salle de concert, qui pourtant propose un programme de qualité, de survivre.  

Du coup, ces structures n’ont plus trop de choix ; travailler bénévolement et baisser la qualité de programmation ou continuer mais faire jouer des mecs qui attireront de toute façon du monde. Tous ces éléments font que des groupes qui ont pourtant du talent se retrouvent à faire des concerts devant 20 personnes tandis que des clubs dans lesquels tu entendras « La Compagnie Créole » sont pleins comme un œuf. C’est assez démotivant vu comme ça.

Y’a-t-il beaucoup de concurrence en matière de production musicale en Suisse ?

C’est plutôt dur à dire. Le problème se situe surtout au niveau de la distribution et des labels. On offre peu de visibilité aux jeunes artistes suisses. Mais c’est également vrai que la mode de l’électro a donné envie à pas mal de mecs de produire, surtout qu’actuellement tu peux avoir des logiciels pros en quelques minutes et commencer à bidouiller tes synthés. Malheureusement chacun reste un peu dans son coin, et pourtant il y a en Suisse des studios d’enregistrement et des ingénieurs du son hyper qualifiés et reconnus mais utilisés principalement par des groupes étrangers.

Ton écurie compte déjà cinq membres, sont-ils tous originaires de Suisse ? Peux-tu nous les présenter brièvement ?
 
Actuellement oui, ce sont tous des gens que je connais, et c’est un peu paradoxal si tu regardes ce que j’ai dit plus haut. Seulement je me voyais mal débuter un label sans artistes ! Pour commencer il y a Placyde que vous n’allez pas tarder à connaître. Un mélange d’electronica et de trip-hop. Ensuite viens Modup, qui produit une sorte de crossover entre hip-hop, dubstep, drum’n’bass, grime. Ce mec est un touche-à-tout et tire ses influences de l’Angleterre surtout, ça punch grave. 

Ensuite viens Cirkus, probablement le DJ le plus prometteur des environs. Il commence  tout juste la production et je compte le mettre à contribution pour des remixes et un maxi à moyen terme. Après ce sont deux projets auxquels je participe. 
Le premier, Monkey Banko avec mon pote Camilo, est un projet house aux influences exotiques et on travaille actuellement sur un EP avec des remixes de producteurs français notamment. Le deuxième est un truc vraiment en stand-by pour l’instant, un son plus orienté dubstep, un peu planant et psychédélique. J’ai quelques morceaux en cours et on verra ce que ça donne. Une belle bande de canassons.
Du côté des newscomers, je suis en train de discuter avec un producteur français de Poitier que j’ai repéré, mais aussi des allemands qui font une techno hyper brute et épurée. Patience donc.

Quelle sera la prochaine sortie sur DWNTWN RCRD ?
 
Le maxi de Placyde « Undermind » sort mercredi prochain (le 23 février) en digital. On va mettre en place un système de commande de CD et peut-être de vinyle peu de temps après.
Sinon on est en train de terminer l’EP de Modup qui devrait sortir vers la fin mars. Les sorties sont relativement espacées mais je n’ai pas envie de stresser les artistes, que ça se fasse naturellement. On a l’avantage de ne pas avoir de contraintes économiques, autant en profiter. En plus ça prend pas mal de temps de faire la promotion des sorties et c’est à moi d’assumer cette partie-là du job.
Sinon j’ai quelques projets d’évènements en tête. Je pensais notamment à une soirée avec des artistes du label. J’aimerais bien également organiser un mini-festival en plein air pour le début de l’été, mais c’est encore au stade d’idée pour l’instant.




Je me tourne vers toi Placyde, une petite présentation pour commencer ? 

Yop ! Alors je m’appelle Yoann Corthésy et je suis actuellement étudiant en art et en communication audio-visuelle. Sinon la musique à toujours été mon dada depuis tout petit, mon père étant DJ. J’ai fais un peu de piano il y a des années de ça mais malheureusement j’étais trop petit pour apprécier cet instrument à sa juste valeur et j’ai donc arrêté. J’ai ensuite commencé la guitare électrique que je pratique toujours à un niveau très modeste. Je bidouille la musique électronique depuis environ deux ans et j’y trouve mon bonheur pour créer mes ambiances.

Pourquoi le nom Placyde ? Est-ce en rapport avec la notion de sérénité que le mot initial contient ? 

Il y a un peu de ça oui. Mais j’ai avant tout choisi ce nom car mon troisième prénom est Placide, un prénom que je rejetais puis que j’ai commencé à apprécier avec le temps en vue de son originalité. Le « Y » c’est pour le lien avec mon premier prénom et aussi parce que j’aime cette lettre. Et j’avoue être quelqu’un de nature assez calme et tranquille d’esprit oui.

Comment définirais-tu ton univers musical ? 

Je le définirais comme le déballage spontané de mes émotions. Quand je commence un morceau, je ne sais pas où je vais. Je découvre ma musique au fur et à mesure. Mais j’essaie tout de même d’obtenir une ambiance en général assez planante et sombre qui se rapporte aux rêves et aux sentiments du subconscient humain, ou plus précisément des miens je dirais.

Dans ton titre « No Control of Mind » on découvre des mélodies légères voire éthérées couplées à des mouvements de batterie lascifs qu’est-ce qui t’inspire ces sonorités ? 

Comme le dis le titre, c’est la perte de tout contrôle de l’esprit. Et donc cette répétition d’une mélodie légère et ce rythme bien marqué est pour moi comme un labyrinthe dans lequel on s’enfonce, un rêve dans lequel tout se superpose pour créer au final une émotion, un climax, un dénouement et pour finir, le réveil. En dessous de toutes ces jolies histoires à la « Inception » se trouve biensur mes influences comme le trip-hop, l’ambient et d’autres trucs alternatifs avec par exemple Massive Attack, Thomas Newmann ou encore Nine inch Nails. Je ne vous déballerai pas la liste entière, ça deviendrait un peu long.

Décris-nous tes débuts. 

Oh et bien je dirais que je suis en plein dedans donc pour faire simple, mon père me montre un programme de son, je l’essaie et je deviens accro. Je pense que je suis dans une phase d’expérimentation et j’ai encore du chemin à faire pour me concocter un style plus fin et acquérir plus d’expérience dans le domaine. 

Comment as-tu connu le label Downtown Records ? 

Samuel et moi sommes dans la même classe, et depuis l’année passée, je le saoul pour qu’il me donne des avis sur mes compositions (ahah). Alors quand l’idée du label lui est arrivée à l’esprit, il m’en a parlé et c’est comme ça que DWNTWN a sortie la tête du sable.

Quelles sont tes projets pour l’avenir ? 

Je vais continuer à travailler sur l’album qui suivra l’EP Undermind dont la sortie est imminente. Peut-être plus de sons brutes de guitares et des voix sur certains morceaux qui sait ? Une chose est sûre, je compte creuser encore et encore et améliorer mon univers musical sans cesse en espérant plaire à un maximum de monde.


Vous l'aurez compris, DWNTOWN RCRD, a l'image de Placide est un jeune label avec de l'ambition à revendre et qui aura un succès retentissant d'ici peu. Alors restez branchés et téléchargez l'extrait de l'EP de Placide ici.

1 commentaires:

Anonyme a dit…

Nice, je les connais un peu, et je peux vous dire que ces deux là en veulent.
Signé: Le vieux Dan ;-)

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