A l'occasion de la sortie imminente de POETRY , sa nouvelle collection capsule, Nicolas Lherpiniere-Salerno nous a accordé une interview édifiante.
Entrevue avec un artisan du vêtement.
Quel est ton
parcours ?
J’ai étudié à l’école des beaux-arts de Châteauroux et de
Saint-Etienne. C’est durant cette période que j’ai commencé à m’intéresser au
support textile. Je customisais des jeans et peignais sur des teeshirts. Je
trouvais que le vêtement était le support idéal pour l’expression artistique. On peut afficher des
idées, et rendre accessible au plus grand nombre la peinture. En 2003 j’ai
décidé d’arrêter mes études afin de monter le projet veni vedi vici. J’avais
un an devant moi pour tout mettre en place et j’en ai profité pour
enchaîner des stages et formations afin de combler certaines lacunes (couture,
gestion d’entreprise etc…) Le concept d’Art- à–Porter prenait forme et en 2004
j’ouvrais un Atelier/boutique à Châteauroux (ma ville natale). Le principe
était de proposer des vêtements uniques fait-mains réalisés comme des oeuvres
d’art.
De l’art graphique au
textile, il y a un pas qu’il n’est pas toujours facile à franchir. Pourquoi t’être
orienté vers le vêtement ?
Au début mon travail était uniquement réalisé sur vêtements
donc je le signais veni vedi vici. C’était le nom de la marque que j’avais crée,
mais également quelque part mon nom d’artiste. Puis finalement quand veni vedi
vici est devenu une marque de teeshirts à part
entière j’ai commencé à signer
mes toiles et dessins de mon nom car j’avais envie de dissocier les deux
activités.
Travailles-tu seul ?
Je suis seul à travailler au sein de l’entreprise. En
revanche, mon activité fait travailler un showroom qui s’occupe de la
commercialisation et une entreprise qui s’occupe de la partie fabrication.
J’entretiens donc des rapports quasi journaliers avec ses deux entreprises. Par
ailleurs, le projet veni vedi vici a
toujours été accompagné et porté par mes amis. En effet, ils ont tous apporté à
un moment donné leurs compétences, que se soit pour les shooting photos,
l’image de marque, le marketing, la commercialisation (au début )etc…Même les
mannequins sont mes potes !( En fait au tout début on était trois potes à
porter le projet et autours de nous gravitaient d’autres personnes qui
apportaient leur soutiens plus ponctuellement.) ça à été très important pour
moi d’être soutenu, car je suis plus un créatif qu’un entrepreneur alors que la
plupart de mes potes sont issus d’écoles de commerces…
Cela fait 7 ans que
tu fais des tees , as tu déjà eu envie de t’investir dans un domaine différent
du textile et de l’art graphique ?
Une chose est sûre, je ne pourrais rien faire d’autre qu’un
métier en rapport avec la création. Maintenant je pense que j’ai encore un bout
de chemin à faire avec les teeshirts. En 7 ans mon métier à évolué et je pense
qu’il évoluera encore. Et puis mes journées sont assez variées finalement donc
je ne me lasse pas. Après j’ai emprunté une voie assez difficile et peut-être
qu’un jour je serais amené à faire autre chose, mais ce n’est pas dans mes
projets en tout cas.
Pourquoi avoir choisi
la fameuse citation veni vedi vici comme nom pour ta marque ? est-ce une ambition
affichée ?
Non pas du tout. Quand j’ai trouvé le nom à l’époque je
pensais qu’il fallait trouver un nom que tout le monde connaissait déjà afin
qu’il soit facilement retenu. Et puis , la dynamique des trois V était
intéressante graphiquement. Si je devais trouver un nom de marque aujourd’hui
j’en choisirais un autre car il est un peu lourd à porter. Dans l’avenir le
veni vedi vici laissera sa place à trois V ou trois triangle, enfin quelque
chose de plus sobre. Déjà j’ai changé le logo, il s’agit de 3 triangles qui
s’entrecoupent, 3 v en fait. Alors que dans le précédent on voyait la locution
latine en entier.
Parles nous un peu de
ta nouvelle collection POETRY ?
La collection Poetry est une collection capsule. C’est une
petite collection (8 références) qui est indépendante de la collection
principale et qui à un thème différent. Je l’ai travaillé sans me poser la
question de l’impact commercial, sans contraintes. J’avais envie de penser à
des visuels simples, poétiques, sur les questions posées par la vie, la mort,
ce que représente l’éternité etc… bref
des questionnements qui obsèdent l’homme. On à fait un shooting au cimetière du
Père Lachaise ce qui à souligné le côté mystique des teeshirts.
Tu aimes raconter des
histoires au travers de tes vêtements, qu’est-ce qui t’inspire en
général ?
Les petites choses de la vie m’inspirent ! Les choses
les plus simples sont parfois très riches. Je suis un enfant unique et je pense
que ça m’a permis d’acquérir un esprit imaginatif et créatif.
Je peux aussi m’inspirer d’un personnage mythique. ( Pour la
collection 2010 je m’étais inspiré d’ Harvey Milk). Je me suis même inspiré
pour une collection d’un voyage que je n’ai jamais fait !
Je m’inspire également de l’actualité, du contexte social…
Tout dépend de mon état d’esprit du moment, je peux aborder
des choses très légères comme dans ma collec’ Gaudriole.
Après les histoires peuvent venir du teeshirt en lui-même ou
bien de l’ambiance du shooting photo, de la façon dont ils sont portés. Ça
implique parfois une double lecture du teeshirt. La personne qui porte le
vêtement raconte sa propre histoire aussi. Tout ça fait un mélange assez
savoureux.
Quels sont tes
projets ?
En ce moment j’entame une collaboration avec la marque
italienne BORO (
www.brandboro.com ) Je
planche sur quelques modèles pour leur collection été 2012.
Et puis j’ai des visuels à créer pour Das monk (
www.dasmonk.com ) la marque du collectif
australien dont je fait partie depuis cette année. J’ai également le shooting
photo de ma
prochaine collection à
mettre en place. Je suis également en train de travailler sur la mise en place
d’une expo en collaboration avec un ami artiste de talent !
Voilà pour les projets à court terme.
Pour le long terme je vais faire en sorte de pouvoir
continuer à faire ce que j’aime car c’est pas de tout repos !